mercredi 23 avril 2014

Flagrant délit de Greenwashing

[Lettre n° 3] à Madame Procaccia, Sénatrice.
Pour la première fois et pour s'exprimer au sujet de l'impact environnemental de l'industrie des palmiers à huile , la sénatrice a choisi un journal économique et financier : La Tribune. Lire l'article.
Voici ci-dessous la réaction de l'association L'Huile de Palme : NON !



Madame Procaccia,

Tout d’abord nous nous réjouissons à la lecture du titre de l’article « Indonésie : la lutte contre la déforestation en bonne voie ». Vous reconnaissez enfin pour la première fois qu’il existe une déforestation en lien avec la culture industrielle du palmier à huile. Nous constatons aussi que vous avez changé de stratégie de défense de l’huile de palme industrielle en mentionnant un grand écrivain, et en faisant part soudainement de vos voyages au contact des petits paysans locaux ...

Cependant, à l’heure du « Greenwashing » tapageur des grandes multinationales, à grands coups de publicités servies à toutes les sauces aux concitoyens occidentaux, vous mentionnez une sorte de nouvel accord défendant les nouvelles bonnes intentions des lobbies,  un Accord de Partenariat Volontaire (APV) pour lutter contre le bois illégal datant du 30 septembre dernier entre l’Indonésie et la France.
Alors que penser de l’écolabel indonésien LEI (The Indonesian Ecolabelling Institute – crée en 2009) et partenaire du FSC (Forest Stewardship Council), garantissant soi-disant la culture durable, la traçabilité des bois coupés et exportés ? Doit-on en conclure que celui-ci n’est pas efficace ?  Que penser aussi de l’écolabel le TFT (crée en 1999) opérant également en ce moment même en Indonésie. Sont-ils tous efficaces ? Combien de labels et accords « écrans de fumée », vont être encore inventés ? Qui les finance ? Où va l’argent ?

Le programme REDD+ auquel vous faites référence a déjà eu lieu(1), le contrat ayant été négocié en 2010, avec l’amer constat d’un non engagement du gouvernement indonésien. Notons aussi l’absence de transparence des 35 millions de dollars de transaction entre les deux parties censées aider à faire une réforme, avec paradoxalement dans les faits, durant les deux années qui ont suivi ce contrat, un taux de déforestation qui a doublé. A qui profite cette somme astronomique ?  

La forêt primaire indonésienne continue à être rasée toujours au profit des industries du bois, de la pâte à papier et enfin de l’industrie de l’huile de palme, étant pour beaucoup détenues par une seule et même société. Comment croire en la bien-pensance des gouvernements français et indonésien ?
Par ailleurs, d’après votre témoignage, cela fait une décennie que l’Indonésie a pris conscience de l’impact de l’exploitation incontrôlée des forêts. Et pourtant,  dix années que rien n’a été fait. Dix longues années où le couvert forestier indonésien a perdu 8,8 millions d’hectares entre 2000 et 2010. Les plantations de palmiers à huile sont directement responsables de 57% des déforestations entre 2000 et 2010 au Kalimantan (partie indonésienne de Bornéo) soit 15 949 km²- une région comme la Franche-Comté.
De 1990 à 2010, 90% des terres converties en palmiers à huile étaient des terrains boisés dont 47% étaient des forêts intactes, 22% des forêts destinées à la production de bois et de papier, 21% étaient sous forme d’agroforesterie. (2)

Ces terribles chiffres poussent l'Indonésie dans le flop cinq des plus grands émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre. Il est stupéfiant que 80 % de ces émissions proviennent de la déforestation. (3)
En ce début d’année la justice indonésienne a démontré qu’elle était capable d’appliquer les lois du pays avec la condamnation d’une société d'huile de palme pour déboisement illégal. (4) Nous encourageons le gouvernement à poursuivre ses efforts, car ce genre d’évènement qualifié « d’historique » dans l’article reste en effet encore trop rare. De leur côté les citoyens indonésiens s’organisent face à l’éternel trafic d’influence ambiant entre le gouvernement et les lobbies. Par exemple, le culte musulman a été contraint de lancer une fatwa (5) contre le commerce d'espèces protégées. Le peuple est prêt au changement devant l'inaction de leurs représentants censés défendre leurs droits, avec pour symbole fort le rassemblement de paysans du monde entier à Jakarta en juin 2013. Émergeant des organisations paysannes du monde entier, les vraies problématiques se posent : la souveraineté alimentaire, l’agro-écologie, la justice sociale et climatique, la solidarité, les semences, l’eau, la lutte des femmes, des jeunes, des peuples autochtones, des migrants, la réforme agraire et la terre à ceux et celles qui la travaillent. (6)

Vous, en tant qu’actrice de la production d’huile de palme industrielle, comment voulez-vous assurer la survie de ces peuples en cautionnant la destruction de leurs ressources naturelles et de leur économie locale au profit d’une poignée de privilégiés indonésiens et de patrons européens ?
Posez-vous la question: le PIB reflète-t-il vraiment la qualité de vie humaine et la satisfaction des habitants d’un pays dans une perspective citoyenne personnelle et collective ?

Comme le dit Masanobu Fukuoka, Microbiologiste et philosophe japonais "Si nous avons une crise alimentaire elle ne sera pas due à l'insuffisance du pouvoir productif de la nature, mais à l'extravagance du désir humain. "

L’association L’Huile de Palme : NON !
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dimanche 6 avril 2014

Sans huile de palme ?

Nous recevons un certain nombre de questions concernant les alternatives à l'huile de palme ou encore comment ne pas en manger dans notre quotidien voici quelques liens ci-dessous pouvant vous aidez à vous y retrouver : 

Nous vous invitons aussi à réfléchir sur la simple façon de vous alimenter. Ne faut-il pas privilégier des aliments frais, moins modifiés, transformés possible ? Rencontrez vos producteurs près de chez vous via ce site internet 
->http://www.reseau-amap.org/

et pourquoi pas ne pas se mettre à planter quelques légumes et voir comment ça pousse ? voici une adresse de qualité pour ses semences 
-> https://kokopelli-semences.fr/


samedi 5 avril 2014

Lettre à une sénatrice : La réponse

Suite à la lettre ouverte envoyée le 15 mars par plus d'une centaine de citoyens français, Madame Procaccia a répondu le 1er avril sur son site internet
Voici notre réponse :

Madame la sénatrice,

Si vous souhaitez être cohérente, "Interdire ou sanctionner la mention sans huile de palme" devrait aussi s’accompagner de l'interdiction ou de sanction des mentions du "sans gluten", "sans sucre" et "sans colorant". Allez au bout des choses.

Pouvez-vous citer les marques indiquant la mention sans huile de palme "que leur produit n'en a jamais intégré ou pire dans lesquels il serait impossible d'en intégrer" ? Un représentant des citoyens français se doit d'être précis.

Concernant la chimie et avant que vous ne rectifiez sur votre site internet, nous tenions à vous rappeler que les matières grasses ne sont pas oxygénées par les industriels, mais peuvent être hydrogénées. Ce n'est pas la même chose. C'est assez grave de voir une si mauvaise connaissance de la part de gens prétextant l'inverse.
Ce n'est que quand elles sont hydrogénées partiellement que les matières grasses forment des acides gras trans synthétiques, qui sont effectivement dangereux.

Par ailleurs vous accusez les citoyens d'appartenir, nous citons "au lobby de ceux qui ont trouvé le moyen de faire du business en racontant n'importe quoi ".  Mme Procaccia, c'est vous qui êtes aux mains des lobbies en étant précisément la "Présidente du groupe interparlementaire avec l’Indonésie";  l’Indonésie qui est le premier producteur d'huile de palme mondial. Mais également vous êtes l'invitée de l'Institut de Recherche Clinique sur le symposium de l'huile de palme qui s'apparente plus un groupe de pression qu'à un groupe de recherche et dont le fondateur est un ancien d'un think tank libéral.

Nous vous prions une nouvelle fois de revoir votre position sur l'industrie de l'huile de palme ainsi que de faire preuve d'indépendance. Nous vous conseillons également de vous renseigner un peu plus avant d'avancer des assertions et être plus respectueuse des citoyens qui vous interpellent sur ces sujets, c'est à dire en étayant ses dires et en vérifiant ses sources.

Cordialement.

L'association L'Huile de Palme : NON !

Vous pouvez également envoyer cette lettre-réponse à Madame la sénatrice cette fois-ci par la poste, car vous figurez sans doute dans les spams si vous avez déjà envoyé la première lettre. 
Son adresse : 
Mme Catherine Procaccia
Palais du Luxembourg
15 rue Vaugirard
75291 Paris cedex 06