mercredi 10 juin 2015

La branche anglaise de financement du développement accusée d'avoir financé "l'agro-colonialisme" au Congo.

Un rapport affirme que les travailleurs de la société de l'huile de palme partiellement détenue par la DFI (institution de financement du développement) gagnent un salaire de misère, vivent dans des conditions difficiles et ont eu leurs terres prises illégalement, bien que la DFI a déclaré qu'ils tentaient d'améliorer les salaires et les conditions pour les travailleurs.

 La plantation "Yaligimba"de palmiers à huiles de Feronia en RDC . Photo : Feronia
Une entreprise canadienne productrice d'huile de palme détenue en partie par le gouvernement britannique a été accusée d'abus des Droits de l'Homme et d'accaparement des terres en République Démocratique du Congo (RDC).

Les leaders communautaires dans la vaste zone de concession détenue en partie par la société agro-industrielle FERONIA affirment que les conditions de vie sur leurs terres sont épouvantables et que leurs terres ancestrales le long du fleuve Congo leur ont été ôtées illégalement.

FERONIA, qui était détenue depuis près de 100 ans par le géant alimentaire UNILEVER, est maintenant à 27% détenue par le groupe CDC (Corporation de Développement Colonial), l'institution de financement du développement par le gouvernement britannique (DFI), et environ à 30% détenue par un groupe d'un autre gouvernement européen DFI qui a investi dans le Fonds pour l'Agriculture Africaine (FAA).

Mais les groupes de défense des droits humains locaux et internationaux affirment dans un nouveau rapport, que l'utilisation de plus de 14m £ de fonds publics du gouvernement britannique pour sauvegarder ce que les militants disent être une « entreprise défaillante », payent les travailleurs moins de 1 $ par jour pour vivre et les font travailler dans des conditions tropicales difficiles inappropriées.

Les fonds d'investissement soutenues par le gouvernement ont un mandat légal pour atténuer la pauvreté dans les pays en développement, et ils doivent fonctionner conformément aux politiques strictes qui doivent les empêcher d'investir dans des entreprises qui saisissent la terre, violent les droits du travail ou se livrent à des pratiques de corruption.

«Les travailleurs vivent dans des maisons en ruine, en mauvais état grave. La malnutrition est présente dans les communautés près des plantations ", a déclaré Jean-François Mombia Atuku, un militant pour RIAO-RDC, une ONG congolaise qui a co-écrit le rapport avec l'organisation européenne des droits fonciers GRAIN.

Le CDC a déclaré qu'elle essayait d'améliorer la rémunération et les conditions des 3500 travailleurs, mais que leur appauvrissement avait été causé par des décennies de guerre, un sous-investissement et par l'isolement physique.

"La société a été essentiellement démantelée lorsque nous avons été saisis", a déclaré le directeur d'investissement du CDC David Easton. «Notre mandat est d'investir dans les entreprises travaillant dans les environnements les plus difficiles. FERONIA est le seul employeur dans ce vaste domaine. Nous avons hérité de rémunération et des conditions établies ... dans les années 1980.

«Nous reconnaissons qu'il reste beaucoup à faire. Les gens veulent des logements, des écoles et des hôpitaux. Nous faisons un examen de la situation de la communauté et le rapport sera publié plus tard cette année. Nous avons augmenté les salaires de 50% et espérons les augmenter de nouveau. Nous nous sommes engagés à dépenser 3,6 millions de dollars pour les logements, les hôpitaux, les écoles et autres besoins sociaux."

"Il y a beaucoup plus à faire dans la communauté. Nous sommes des investisseurs à long terme et nous voulons améliorer la situation ", a-t-il dit.

Lorsque FERONIA a acheté à UNILEVER les 120 000 hectares [296000 acres] de concessions foncières en 2009, ils ont prétendu avoir des contrats de location hérités pour toutes les terres où la société avait des plantations.

Dans le rapport, cependant, les dirigeants communautaires des plantations de l'entreprise Lokutu disent que le seul document qui leur a été montré comme preuve de prétendus droits à la concession des 63000 hectares de l'entreprise est un ancien certificat d'enregistrement truffé d'erreurs et qui ne confère aucun titre juridique.

"Tout ce qu'ils ont est un certificat falsifié d'inscriptions, signé par un expert incompétent», dit le député provincial, Gaspard Bosenge Akoko. "Pouvez-vous imaginer une entreprise saisissant plus de 40.000 hectares de terres de ces communautés, les privant de leurs activités agricoles, sur la base de ce type de document fragile?"

Selon le rapport, la terre a été volée dans toutes les communautés le long du fleuve Congo sous occupation coloniale belge (1908-1960), pour établir des plantations de palmiers à huile. Au cours des dernières années, disent-ils, les communautés ont été exclues de toute décision concernant l'extension de la concession.

"Nous avons seulement souffert des impacts négatifs des plantations, comme la disparition des chenilles, des champignons, des animaux sauvages, des poissons d'eau douce, et, dans l'ensemble, la perte presque complète de la flore et de la faune. Cela a abouti à la malnutrition sévère chez nos enfants et même nos aînés; le taux de mortalité des nourrissons et des mères lors de l'accouchement est parmi les plus élevés dans la province », indique le rapport.

«Les dirigeants des communautés des zones où FERONIA a ses plantations en ont assez de cette société», dit Mombia Atuku de RIAO-RDC. "Ils veulent que FERONIA leur rendent leurs terres, afin qu'ils puissent à nouveau bénéficier de l'utilisation de leurs forêts et des fermes."

Le CDC a déclaré qu'ils n'étaient pas au courant des violations de droit des terres. «Nous pensions que la société dispose d'un droit valable d'être là", a déclaré Easton. Il a déclaré que le gouvernement de la RDC, qui a une participation dans FERONIA, a confirmé que la société travaille légitimement. "FERONIA a un titre valable pour la zone où ils opèrent. Mais nous prenons en compte attentivement le rapport et sommes prêts à travailler avec les ONG ", a déclaré Easton.
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The Guardian "UK development finance arm accused of bankrolling 'agro-colonialism' in Congo" by John Vidal Traduction : Myriam Chergui.

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