mardi 23 juin 2015

L'huile de palme : les médias en parlent !

Nous proposons une revue de l'actualité de cette dernière semaine concernant la planète "huile de palme".
Grâce à l'intervention de Ségolène Royal dans une émission sur un plateau de télévision de grande audience, le débat sur l'huile de palme est relancé au cœur de la polémique. Elle a appelé les citoyens français à ne plus consommer de Nutella donc d'huile de palme car cela a de graves conséquences de déforestations. En effet lorsqu'il n'est pas possible pour un ministre de prendre de réelles dispositions grâce à ses propres fonctions, il se cache alors derrière le peuple en criant : " BOYCOTT !"


Malgré tout, c'est l'un des rares politiques à être lucide sur la question de l'huile de palme. En effet ne pas en consommer, c'est refuser de cautionner la disparition des dernières surfaces forestières de notre planète abritant des millions d'espèces végétales et animales. Cependant coup de théâtre ! Il a fallu moins de 24 h pour que Ségolène Royal revienne sur ces dires : "Mille excuses pour la polémique sur le Nutella. D'accord pour mettre en valeur les progrès"...

Une fois de plus les multinationales n'y vont pas de mains mortes en s’offusquant et en blâmant les propos de Ségolène Royal pendant que nous, nous continuons de nous offusquer de la perte de notre patrimoine naturel. S'ajoute à cela la lâcheté de nos dirigeants et le greenwashing plus que jamais mis en oeuvre par les multinationales bienveillantes envers notre santé, enfin plutôt envers notre porte-feuille et leurs bénéfices, restons lucides...

Avec ses petits copains de l'Alliance Française pour une Huile de Palme Durable, le patron italien à 8 milliard de chiffres d'affaire en 2014, s'insurge : "Supprimer l'huile de palme des produits alimentaires n'est pas LA solution. Il faut encourager le développement de filières durables". Étonnant que ces messieurs ne veuillent pas diminuer leur profit... Sinon ils ne posséderaient plus de Rolex ou autres objets de luxe indispensables dans l'existence d'un être humain.
Ne pas se leurrer sur le "progrès" dont fait mention Madame Royal à propos de l'huile de palme ‪RSPO‬ dite "durable", c'est un mensonge ! Et voici une petite blague à 2 balles pour comprendre que l'huile de palme "durable", ce n'est pas possible, tout simplement.



Mais heureusement que de superbes et belles ONG, ayant les pieds sur Terre, comme nous tous, sont là pour crier "AU SCANDALE ! Il faut boycotter l'huile de palme !!" Enfin, c'est que l'on croyait. Greenpeace est bien arrivé en renfort mais pas pour nous, pas pour la planète, pas pour la forêt, pas pour les animaux, pas pour notre santé, pas pour notre climat, pas pour les trucs essentiels à la vie. Non, Greenpeace a pris la défense de Ferrero sur Twitter et autres médias. C'est ça que l'on appelle le "Greenwashing". 


Alors voilà, il ne reste plus que toi et moi, citoyens lambda, pour défendre notre bonne vieille planète. Il existe des gens qui survivent sans l'huile de palme industrielle et cela pendant plus de 24 h à la suite. Comme Adrien Gontier, ici dans le journal "REPORTERRE". Il est l'auteur du blog "Vivre un an sans huile de palme". Il l'a fait et il a réussi même si ce n'était pas facile tous les jours tellement que cette huile se trouve partout. 


Il y a aussi Guillaume Meurice, dans le 5/7 de France Inter qui a présenté ses excuses aux orangs-outans pour le splendide retournement de veste de Ségolène Royal, la sinistre de l'écologie. 


Mais que voyons-nous ? Le journal "Le Monde", un média mainstream qui s'inquiète tout comme nous du sort de la biodiversité sur la planète Terre... Est-ce qu'enfin les 4ème pouvoir va se mettre au service des intérêts de dame Nature ? 




Enfin il y a cette petite vidéo de quelques minutes, postée par le youtuber " Savant Singe" le 21 juin avec pour titre "Tu aimes le Nutella ok, mais est-ce que tu aimes les orangs-outans et les tigres ? Puis il rajoute : "Ben profitez-en car il n’y en aura bientôt plus !". En soit il n'a pas tort.



Toi aussi n'hésite pas à apporter ta pierre à l'édifice. Garde ta bouche bien ouverte, continue à parler pour ceux qui n'ont pas la parole. Défend ton bout de gras, enfin ton bout de forêt, car il y a comme une mauvaise impression que personne ne le fera pour toi. 

vendredi 19 juin 2015

oOlution : les cosmétiques 100% sans huile de palme

Laurence Duthu a interviewé Anne-Marie de oOlution. Derrière l'élaboration et la fabrication de produits il existe des personnes ayant fait tout un cheminement spirituel sur le pourquoi du comment. Nous saluons toutes ces belles initiatives humaines.  

- Anne-Marie peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours ?

Je suis ingénieure agronome et diplômée en biochimie. J’ai travaillé 6 ans dans la cosmétique et je me suis toujours demandée pourquoi les soins cosmétiques étaient tous basés sur 1 ou 2 actifs star censé(s) être miraculeux et tout faire pour tout le monde. Si on fait le parallèle avec l'alimentation, manger des pommes c'est bon pour la santé mais si on ne mangeait que des pommes nous serions bien vite carencés ! J'ai la conviction que l'on doit nourrir sa peau comme on se nourrit, c'est-à-dire en diversifiant le plus possible ses apports en actifs.
De plus en travaillant pour une grande marque bio, je me suis aperçue que l’huile de palme était omniprésente dans les produits cosmétiques, même bio. Elle est présente sous forme de dérivés comme des émulsifiants ou des huiles bon marché sans l’intérêt pour la peau. Tout le milieu de la cosmétique (crème mais aussi shampoing, savon, maquillage…) contribue donc à la destruction de la forêt primaire d’Asie du Sud-Est et sa biodiversité sans équivalent. Cela m’a parût totalement aberrant et contradictoire pour une marque bio, j’ai donc tout quitté pour créer oOlution.



 - Quel a été l'élément déclencheur envers ton envie de protéger l'environnement et par la suite la création de ta propre société ?

A titre personnel, je suis passionnée de Grands Singes et notamment des Orang-Outans. Depuis des années, c'est avec grande tristesse que j'entendais parler de leur disparition en raison de la déforestation massive. Adolescente, je m'imaginais rejoindre Bornéo pour aider à sauver les adorables bébés orang-outans et puis finalement, j'ai suivi un parcours plus classique avec études et job stable à la clé. Ensuite, on a commencé à entendre parler d'huile de palme comme l'une des principale cause de déforestation de l'Asie du Sud-Est. Au même moment, je me rendais en voyage en Malaisie en 2013 où j'ai découvert avec horreur les dégâts causés par cette déforestation. Des millions de km² de palmeraies remplaçaient la forêt primaire, poumon de la planète et habitat de millions d'espèce.  Tout cela était définitivement perdu.
J'ai alors appelé les services consommateurs des grandes industries d'agro-alimentaire pour leur demander pourquoi ils remplaçaient le beurre par de l'huile de palme alors que le fait que cela provoque une importante déforestation soit connu (j'ai même écrit un blog personnel sur ce sujet). Puis un jour, j'ai appris que l'huile de palme se trouvait aussi dans tous les produits cosmétiques ! Sous forme de centaines d'ingrédients différents (émulsionnants, conservateurs, colorants...). L'industrie dans laquelle je travaillais participait donc à la disparition des Orang-outans ! Cette idée m'est parue insupportable et il est devenu évident que si je n'avais pas rejoins un d'un refuge d'Orang-outans à Bornéo, j'allais me consacrer à essayer de les sauver à ma façon, en combattant l'usage généralisé des dérivés d'huile de palme en cosmétique.

 - Est-il si compliqué que cela de faire du "sans huile de palme" (et ses dérivés) comme beaucoup d'industriels le prétendent ?

Les industriels arguent que faire du sans huile de palme est plus cher, qu'il est trop difficile de s'approvisionner autrement et vont même jusqu'à jouer la carte écologique en prétendant que grâce à son rendement élevé, moins de surface cultivable est nécessaire... Bien évidemment, ce n'est pas une sinécure tant toute la chaîne de création d'un produit cosmétique semble dépendante de l'huile de palme. Comme nous partions de rien sinon d'un rêve, il nous aura fallu 3 ans de recherche & développement pour trouver les bons fournisseurs et un laboratoire qui accepterait de travailler avec nous. Très peu y croyaient, beaucoup de portes se sont fermées ! Ensuite, il fallait encore créer des formules efficaces et aux qualités sensorielles irréprochables... Mais nous y sommes arrivés, à notre échelle et avec nos moyens limités, alors il n'y a plus d'excuses ! Si les grandes marques, avec leurs moyens et réseaux se penchaient sur la question, je suis convaincue que cela leur prendrait bien moins de temps. Mais cela impliquerait aussi de repenser toute leur chaîne de production, qu'est-ce qui pourrait les motiver ? J'ai confiance dans la volonté des citoyens et consommateurs pour faire changer les choses, à condition qu'ils prennent conscience de ce problème. Nous avons récemment réalisé et diffusé une infographie pour apprendre simplement à repérer l'huile de palme dans les cosmétiques. Nombreux ont été ceux qui étaient choqués d'apprendre que leur salle de bain représentait 24% de la production mondiale de l'huile de palme !

 - Souhaites-tu élargir la gamme de produits oOlution ?

A terme, je rêve de pouvoir montrer que l'on peut créer une alternative saine et écologique à tous les produits qui composent notre routine d'hygiène. C'est un travail que nous faisons tous les jours chez oOlution. Je crois qu'au delà de sensibiliser, il faut donner les moyens d'agir en développant des alternatives efficaces pour être séduisantes, donc durables. Malheureusement la cosmétique naturelle, bio et éthique souffre encore d'une crainte vis à vis de la qualité des soins. Nous revendiquons fièrement l'absence d'huile de palme de nos soins, mais avant tout notre rôle est de prendre soin de la peau de ceux qui nous soutiennent. Nous avons développé un diagnostic de peau offert sur le site, donnant accès à des conseils personnalisés et une information transparente sur ce que peuvent apporter nos soins. Prochainement, je souhaite donc me pencher sur le produits nettoyants. Quasiment tous les produits nettoyants existants (démaquillant, gels douche, shampoing....) contiennent un détergent appelé sodium lauryl sulfate, qui est un irritant cutané également dérivé d'huile de palme. Les molécules alternatives moins irritantes sont néanmoins elles aussi le plus souvent issus d'huile de palme, donc il va falloir que l'on développe une alternative à la fois plus douce pour la peau et non dérivée d'huile de palme... encore un défi que nous espérons relever !

 - Pour terminer, peux-tu nous dire en trois mots ce que représente l'huile de palme industrielle à tes yeux ?

L’utilisation massive de l'huile de palme par les industriels comme matière grasse unique de tous leurs produits aboutit à une surproduction de celle-ci et donc à une catastrophe écologique mondiale. Cependant, il ne faudrait pas qu'il les remplacent cette huile par une autre et unique matière grasse (par exemple le beurre de karité raffiné) car on se retrouverait dans quelques années avec exactement le même problème. J'ai d'ailleurs écris un article sur le sujet il y quelques années. Au fond, je désire que l'on voit le problème de l'huile de palme comme une opportunité de rappeler la nécessité vitale de la biodiversité, donc de questionner les méthodes des industriels pour les faire changer en faveur d'approvisionnement en matières plus diversifiées. Avec une plus grande diversité de matières premières, plus aucune culture ne sera prédominante et donc destructrice.


Visionner le reportage sur EcoPlus TV :


lundi 15 juin 2015

Accaparement des terres, corruption et crime industriel

« Le lien entre la corruption et la mauvaise gestion des ressources de pétrole, de gaz et de minéraux a été bien décrit dans la vaste littérature concernant le “paradoxe de l’abondance”. Le lien entre la corruption et le phénomène de “l’accaparement des terres” est moins bien compris et le secret qui l’entoure limite la possibilité d’évaluer l’ampleur et les caractéristiques de la corruption. »
-- Global Witness, 2012 

En Colombie, selon les chercheurs et les tribunaux de droits humains, l’accaparement des terres est devenu « l’une des principales stratégies » de blanchiment de l’argent de la drogue. Dans les années 1980 et au début des années 90, les narcotrafiquants ont fait passer les bénéfices issus d’un commerce de la cocaïne en plein boom dans des acquisitions foncières massives pour le développement de l’agrobusiness. La tendance se poursuit depuis le début du 21è siècle ; les entreprises ont continué leur expansion dans l’élevage de bétail extensif et, grâce aux nouveaux intérêts « verts » suscités dans l’industrie par le changement climatique, elles ont également multiplié les plantations de palmiers à huile. En 2003, la Cour des comptes du gouvernement estimait déjà que les trafiquants de drogue avaient acheté quatre millions d’hectares de terres fertiles ou 48 % de la superficie agricole totale du pays, soit une valeur d’au moins 2,4 milliards de dollars US. La cour indiquait qu’étant donné l’utilisation généralisée de prête-noms, le véritable chiffre était probablement proche du double (donc 4,8 milliards). Dans la basse vallée d’Atrato, à Chocó, une grande partie du blanchiment de l’argent par les plantations d’huile de palme a été rendue possible par l’acquisition illicite des titres de propriété ; qu’il s’agisse d’un transfert contestable de contrats d’usufruit ou d’une falsification pure et simple des actes de cession, les autorités légales comme les autorités politiques sont considérées comme complices. Lire plus sur GRAIN.

Voici une vidéo avec Jacobo Grajales (Université de Rennes 1, CERI) sur sa thèse intitulée "Huile de palme et appropriations foncières en Colombie : économie agro-industrielle, pratiques criminelles et mobilisations transnationales"




Nous vous rappelons que l'huile de palme utilisée par ‪GAIA‬ pour la fabrication du faux-gras et autres produits se disant"vegan" proviennent justement de COLOMBIE ou l'huile de palme est qualifiée de "bio". Lire plus ici

mercredi 10 juin 2015

La branche anglaise de financement du développement accusée d'avoir financé "l'agro-colonialisme" au Congo.

Un rapport affirme que les travailleurs de la société de l'huile de palme partiellement détenue par la DFI (institution de financement du développement) gagnent un salaire de misère, vivent dans des conditions difficiles et ont eu leurs terres prises illégalement, bien que la DFI a déclaré qu'ils tentaient d'améliorer les salaires et les conditions pour les travailleurs.

 La plantation "Yaligimba"de palmiers à huiles de Feronia en RDC . Photo : Feronia
Une entreprise canadienne productrice d'huile de palme détenue en partie par le gouvernement britannique a été accusée d'abus des Droits de l'Homme et d'accaparement des terres en République Démocratique du Congo (RDC).

Les leaders communautaires dans la vaste zone de concession détenue en partie par la société agro-industrielle FERONIA affirment que les conditions de vie sur leurs terres sont épouvantables et que leurs terres ancestrales le long du fleuve Congo leur ont été ôtées illégalement.

FERONIA, qui était détenue depuis près de 100 ans par le géant alimentaire UNILEVER, est maintenant à 27% détenue par le groupe CDC (Corporation de Développement Colonial), l'institution de financement du développement par le gouvernement britannique (DFI), et environ à 30% détenue par un groupe d'un autre gouvernement européen DFI qui a investi dans le Fonds pour l'Agriculture Africaine (FAA).

Mais les groupes de défense des droits humains locaux et internationaux affirment dans un nouveau rapport, que l'utilisation de plus de 14m £ de fonds publics du gouvernement britannique pour sauvegarder ce que les militants disent être une « entreprise défaillante », payent les travailleurs moins de 1 $ par jour pour vivre et les font travailler dans des conditions tropicales difficiles inappropriées.

Les fonds d'investissement soutenues par le gouvernement ont un mandat légal pour atténuer la pauvreté dans les pays en développement, et ils doivent fonctionner conformément aux politiques strictes qui doivent les empêcher d'investir dans des entreprises qui saisissent la terre, violent les droits du travail ou se livrent à des pratiques de corruption.

«Les travailleurs vivent dans des maisons en ruine, en mauvais état grave. La malnutrition est présente dans les communautés près des plantations ", a déclaré Jean-François Mombia Atuku, un militant pour RIAO-RDC, une ONG congolaise qui a co-écrit le rapport avec l'organisation européenne des droits fonciers GRAIN.

Le CDC a déclaré qu'elle essayait d'améliorer la rémunération et les conditions des 3500 travailleurs, mais que leur appauvrissement avait été causé par des décennies de guerre, un sous-investissement et par l'isolement physique.

"La société a été essentiellement démantelée lorsque nous avons été saisis", a déclaré le directeur d'investissement du CDC David Easton. «Notre mandat est d'investir dans les entreprises travaillant dans les environnements les plus difficiles. FERONIA est le seul employeur dans ce vaste domaine. Nous avons hérité de rémunération et des conditions établies ... dans les années 1980.

«Nous reconnaissons qu'il reste beaucoup à faire. Les gens veulent des logements, des écoles et des hôpitaux. Nous faisons un examen de la situation de la communauté et le rapport sera publié plus tard cette année. Nous avons augmenté les salaires de 50% et espérons les augmenter de nouveau. Nous nous sommes engagés à dépenser 3,6 millions de dollars pour les logements, les hôpitaux, les écoles et autres besoins sociaux."

"Il y a beaucoup plus à faire dans la communauté. Nous sommes des investisseurs à long terme et nous voulons améliorer la situation ", a-t-il dit.

Lorsque FERONIA a acheté à UNILEVER les 120 000 hectares [296000 acres] de concessions foncières en 2009, ils ont prétendu avoir des contrats de location hérités pour toutes les terres où la société avait des plantations.

Dans le rapport, cependant, les dirigeants communautaires des plantations de l'entreprise Lokutu disent que le seul document qui leur a été montré comme preuve de prétendus droits à la concession des 63000 hectares de l'entreprise est un ancien certificat d'enregistrement truffé d'erreurs et qui ne confère aucun titre juridique.

"Tout ce qu'ils ont est un certificat falsifié d'inscriptions, signé par un expert incompétent», dit le député provincial, Gaspard Bosenge Akoko. "Pouvez-vous imaginer une entreprise saisissant plus de 40.000 hectares de terres de ces communautés, les privant de leurs activités agricoles, sur la base de ce type de document fragile?"

Selon le rapport, la terre a été volée dans toutes les communautés le long du fleuve Congo sous occupation coloniale belge (1908-1960), pour établir des plantations de palmiers à huile. Au cours des dernières années, disent-ils, les communautés ont été exclues de toute décision concernant l'extension de la concession.

"Nous avons seulement souffert des impacts négatifs des plantations, comme la disparition des chenilles, des champignons, des animaux sauvages, des poissons d'eau douce, et, dans l'ensemble, la perte presque complète de la flore et de la faune. Cela a abouti à la malnutrition sévère chez nos enfants et même nos aînés; le taux de mortalité des nourrissons et des mères lors de l'accouchement est parmi les plus élevés dans la province », indique le rapport.

«Les dirigeants des communautés des zones où FERONIA a ses plantations en ont assez de cette société», dit Mombia Atuku de RIAO-RDC. "Ils veulent que FERONIA leur rendent leurs terres, afin qu'ils puissent à nouveau bénéficier de l'utilisation de leurs forêts et des fermes."

Le CDC a déclaré qu'ils n'étaient pas au courant des violations de droit des terres. «Nous pensions que la société dispose d'un droit valable d'être là", a déclaré Easton. Il a déclaré que le gouvernement de la RDC, qui a une participation dans FERONIA, a confirmé que la société travaille légitimement. "FERONIA a un titre valable pour la zone où ils opèrent. Mais nous prenons en compte attentivement le rapport et sommes prêts à travailler avec les ONG ", a déclaré Easton.
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The Guardian "UK development finance arm accused of bankrolling 'agro-colonialism' in Congo" by John Vidal Traduction : Myriam Chergui.

lundi 1 juin 2015

Exploitations des ressources en Papouasie Occidentale

La Papouasie Occidentale est l'une des dernières grandes régions reculées du monde offrant encore un avenir au monde sauvage. Plus de 250 communautés autochtones distinctes vivent parmi des forêts tropicales spectaculaires, des montagnes et les écosystèmes coralliens. Mais tout ne va pas bien sur la deuxième plus grande île du monde.

"La Papouasie occidentale est l'une des dernières grandes régions sauvages de notre planète."
La deuxième plus grande île du monde est aujourd’hui le théâtre de l'un des conflits contemporains les plus gravement passés sous silence. Officiellement, la Papouasie occidentale est une région autonome de l'Indonésie. Les Papous se battent pour l'indépendance du territoire depuis les années 1960, tandis que l’appât du gain et un illustre et impitoyable militaire indonésien cherchent à renforcer la situation économique de l’Indonésie en exploitant les immenses ressources naturelles du territoire.

"Depuis 2004, les journalistes étrangers ont été bannis de Papouasie occidentale, limitant inéluctablement la rédaction de rapports sur les violations des droits de l'homme et la destruction de l’environnement."

Pourtant, Amnesty International estime qu’entre 100.000 et 400.000 Papous ont été tués depuis que l'Indonésie a pris le contrôle du territoire en 1969. La Papouasie occidentale reste une zone militarisée, permettant à l'armée indonésienne d'engranger d'énormes bénéfices des accords lucratifs conclus avec des entreprises forestières, minières et exploitantes d’huile de palme, tout en supprimant impitoyablement les populations locales. Les ressources s’écoulent sur les marchés aux États-Unis, Canada, en Europe, en Australie et en Chine.

"Lorsque je me rends en Papouasie occidentale, je trouve des communautés désespérément pauvres et contraintes à vendre leurs terres pour aussi peu que 1 $ US par hectare."

Je survole alors les îles ravagées par l’exploitation de mines de nickel, dans ce qui est l'environnement marin le plus riche de la planète. Je vois les sédiments qui coule librement dans les récifs coralliens et visite des communautés en conflit, ou les batailles de concessions autour du niquel et des intérêts miniers sont légions. Dans le port industriel de Sorong, je suis témoin des  ravages de la migration, de la prostitution et d’une épidémie alarmante du SIDA.

Papouasie Occidentale, Indonésie. 

La Papouasie occidentale est le foyer de l'un des écosystèmes les plus spectaculaires sur la Terre. Ses forêts et les océans contiennent une variété ahurissante d'espèces endémiques. L'archipel Raja Ampat, vu ci-dessus, a récemment été reconnu comme la partie la plus riche en biodiversité de l'océan sur la planète.

Mine Kawe
Mine Kawe
Le statut de province autonome attribué à la Papouasie occidentale, conçu pour apaiser le mouvement d'indépendance, n’a fait que créer un chevauchement des autorités, avec des permis d'extraction de ressources émises par Jakarta (capitale indonésienne) ainsi que le gouvernement provincial.

Il y a très peu de transparence dans les pratiques de ces sociétés, et donc très peu de responsabilité. Les militaires et investisseurs étrangers se font la part belle. La mine en photo ci-dessus montre l’exportation de nickel latéritique destiné au Queensland, en Australie.

Le gouvernement a de grands projets pour la Papouasie occidentale, y compris l'introduction de mines de nickel au Raja Ampat. La mine en photo ci-dessus à droite sur l'île de Kawe a été temporairement fermée en raison des combats entre les différentes parties. La mine a l'espoir d'obtenir le feu vert pour reprendre l’extraction, mais pour le moment l'île fait l’ objet de multiples patrouilles et de conflits parmi les villageois. Grâce à leur situation incroyablement lointaine, ces mines sont capables d’exploitation sans presque aucune évaluation d'impact environnemental.

"Les déchets et les sédiments sont jetés à la mer décimant les récifs coralliens et zones de pêche qui soutiennent les communautés locales."

Enfants papous
Au village de Go dans la baie de Maya Libit, des enfants se sont étouffés avec les sédiments provenant des activités de déforestation et d'exploitation minière. Les villages touchés par l'extraction et la déforestation ont également été affectés par des problèmes graves de santé publique après avoir manger du poisson contaminé par les déchets.

Villageois de Salpeli 
Pêcheur artisanal de Raja Ampat.

Ci-dessus en haut, vous voyez des villageois de Salpeli en train de cuire du poisson sur un feu ouvert. Dans le fond, vous pouvez voir un bateau chargé de matériaux de construction illégale qui se prépare à quitter le port à destination de Sorong Petrochina, une des plus grandes sociétés pétrolières et gazières dans le monde.

Les gens de Raja Ampat ont survécu grâce à la pêche artisanale, mais maintenant, la présence de nickel dans l'eau menace de détruire cette activité de « survie ».

Les communautés sont maintenant divisées : faut-il lutter contre les mines et protéger les eaux, ou faut-il plutôt rejoindre les mineurs et abandonner la pêche pour une ressource financière certainement temporaire ?
"Certains résidents, employés par la mine se félicitent de l'initiative. D'autres qui voient à plus long terme s'y opposent farouchement."

Le problème est que ces îles ne contiennent qu'une quantité infime de nickel qui rend impossible pour les entreprises de fonctionner pendant plus de 5-10 ans. Ajoutez à cela le prix du marché fluctuant de nickel et il est facile d'imaginer un scénario dans lequel , après avoir détruit leurs lieux de pêche ancestraux , les populations locales se retrouvent sans rien .
Sorong, Indonésia
Afin de faciliter l'exploitation des ressources naturelles de la Papouasie occidentale, le gouvernement indonésien met en œuvre une politique de transmigration énorme avec des milliers d'immigrants arrivent chaque semaine à partir des îles telles que Java et Sulawesi. Une nouvelle économie est en cours de construction basée principalement autour de l'exploitation minière et d'extraction de ressources. Le taux de VIH est significativement plus élevé que partout ailleurs en Indonésie.

Guru Jemat Steven Su
Thomas Klasibin
Ci-dessus, première photo, Guru Jemat Steven Su, un aîné du peuple Mooi, m'a dit que sa communauté a vendu leurs terres pour seulement cinq dollars l'hectare. Les grandes entreprises de bois et d'huile de palme, souvent avec le soutien de l'armée indonésienne, incitent les populations autochtones à les "vendre", et de se rendre esclaves dans leur propre pays.

Ci-dessus, la deuxième photo, Thomas Klasibin se tient devant ce qui était autrefois la forêt qui l'a vu grandir. Après avoir vendu sa terre, la communauté de Thomas vivent maintenant dans des maisons délabrées sur le bord de ce qui ressemble à une zone de guerre. Il doit maintenant passer les points de contrôle de sécurité pour se rendre à son village.

Enfant papou.
"Après la vente de leurs terres, la communauté Mooi ont été laissés dans l'extrême pauvreté, sans accès à la forêt qui les faisait vivre autrefois ."

Ayant perdu les forêts qu'ils appelaient la maison, la communauté de Steven doit désormais voyager de plus en plus loin pour trouver de la nourriture. 


Famille papoue à la recherche de nourriture.
Policier traditionnel. 

"Le mouvement indépendantiste papou couve depuis l'incorporation de la Papouasie occidentale en Indonésie en 1969."

Il existe en Papouasie occidentale un gouvernement alternatif appelé le conseil des peuples traditionnels. Ils ont leur propre force de police mettant les Droits de l'Homme et les questions environnementales dans leurs priorités. Ci-dessus, vous voyez un membre de la patrouille de police traditionnelle sur la rivière.

À vingt minutes de la mine Kawe, se trouve une ferme perlière . La ferme de Pearl produit 80 millions de dollars de perles par an prouvant que l'écosystème unique de Raja Ampat peut être utilisé pour faire des profits importants sans être décimée.

Chaterine Bastian du village de Salpeli passe au crible les perles.

Chaterine manipule une valeur d'un million de dollars en une seule matinée.
 La perliculture est une industrie financièrement et soit-disant écologiquement durable, et donc une bien meilleure option que l'exploitation minière. Cependant, un certain nombre de représentants locaux du gouvernement tentent d'arrêter cette activité australienne car la société refuserait de payer des pots de vin afin de continuer à fonctionner dans la zone.

Mouvement Indépendantiste Papou.

Ci-dessus, les membres du Mouvement Indépendantiste Papoue au village de Klamono fumant leurs cigarettes sous une une peinture de Jésus portant un drapeau "Morning Star"de la Papouasie Occidentale. Leur pays, leur pouvoir et leur dignité ont été arrachés de leurs mains. 

"Ils voient l'indépendance comme la seule façon d'amener un changement réel et ont placé leurs espoirs sur la communauté internationale pour les aider à y parvenir."


Un combattant de la liberté pour la Papouasie Occidentale. 
Un combattant de la liberté, en exil se trouve dans les halls de l'Université d'Oxford lors d'un rassemblement d'avocats internationaux qui travaillent à présenter le cas juridique pour l'indépendance de la Papouasie Occidentale . 

Plus récemment , les Papous ont fondé beaucoup d'espoir dans le nouveau président de l'Indonésie Joko Widowo qui a rouvert des négociations avec la province, après avoir déjà visité deux fois celle-ci cette année. Mais est-ce que changement il y aura ? si oui, dans quelle mesure va t-il être mis en œuvre , reste à voir.
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Editor's pick par James Morgan, publié le 28 Mai 2015  traduction : Alexandra Gazel/Perrine Odier